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première liberté

L’inconfort du changement. 

J’ai eu peur. J’ai peur, encore. 

De me faire engloutir toute entière. 

Par ces lignes symétriques, ces courbes parfaitement arrondies. 

Ces règles.

Être formatée à les respecter, à la lettre.

Tout le temps.

 

Le beau, le parfait. Le Trop. Le faux semblant. 

Je veux plus Haut, je veux plus loin.

Plus grand. 

Les émotions qui dansent. Dans la poitrine. 

Qui en premier lieu, paraissent inconfortables, douloureuses, anxieuses.

Qui prennent de la place. De l’énergie. 

 

Puis qui se traduisent. 

Avec lesquelles, finalement, on se laisse guider.  Avec lesquelles on crée, on compose.

 

J’ai compris maintenant, que, toi : mon corps, tu m’envoyais simplement des signaux. Des messages. 

Ce n’était pas facile et le chemin était intense mais j’ai pris le temps de les écouter. 

De t’entendre, de te laisser l’espace puis me voici, dans l’après, dans la direction où tu as su parfaitement me guider. Merci.

19h53. 

Ça y est, je suis partie. C’est le départ. Je vais goûter au vide et à l’inconnu, les affronter. 

La peur et l’excitation font un battle de danse en moi. 

21:03 

J’arrive à la gare routière de Bercy. Je suis accueillie par une odeur de pipi.

Au loin, une dame sur un banc me regarde, sourire en coin, et me fait signe de venir à côté d’elle. 

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09h50.

Arrivée à Zurich, j’ai commandé un café au lait de soja. 

Je me balade dans les ruelles. Les clics de l’appareil photo me suivent, le soleil aussi. Il fait beau. L’orange des feuilles de ma saison préférée ressortent parfaitement avec le ciel bleu qui s’installe délicatement dans le paysage.

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20h55.

Je découvre le train couchette. Trois rangés de trois.

Une couverture, un coussin et même un croissant m’attendent sur mon lit. 

Mes paupières sont lourdes et je ne pense pas faire long feu. 

Demain, Slovénie. 

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16h05. 

Je ressens dans toutes les parties de mon corps, l’espoir qui naît de cette expérience, de ce voyage et de cette vie, à quel point ça a pu être dur. À quel point les recoins de mon être sont si intenses qu’il faut une énergie monstrueuse pour pouvoir être debout. 

Et… je suis debout : j’ai marché aujourd’hui, encore… 17km. 

09h23. 

Les paysages défilent et mon esprit s’accordent à leurs rythmes. La brume s’évapore petit à petit,

le soleil se lève et je me sens libre. 

15h17. 

Je suis avec Kais (un voyageur que j’ai rencontré à l’auberge) 

Je lui apprends à dire clignotant et c’est plutôt drôle et difficile à dire pour lui. En anglais, on parle de tout et de rien et il est vraiment d’une compagnie agréable.

14h57. 

J’ai marché pendant une heure dans la forêt. Les couleurs de l’automne forment un contraste incroyable et le vent fait danser les feuilles autour de moi.

18h10.

Je suis allongée au dernier étage de l’auberge qui offre une vue panoramique du ciel.

Deux nouvelles filles sont arrivées dans la chambre. Une allemande et une américaine. 

Lana, l’Allemande, est aussi photographe ! On partage nos réseaux et on discute beaucoup à ce sujet. Elle me confie être sur le point de se séparer avec son copain et qu’ils ont rendez vous ce soir pour se quitter. Je la console comme je peux.

 

23h27. 

La journée pluvieuse ne s’est jamais vraiment arrêtée, je suis restée à l’auberge et j’ai parlé pendant des heures avec Nikie, une néerlandaise adorable.

Je lui prépare un thé, on échange sur nos voyages, nos passions, nos occupations dans notre quotidien et j’en passe ! 

23h32. 

Direction Florence, on devrait partir bientôt. Je suis exténuée et j’ai hâte de dormir. 

06h16. 

C’est brusquement que je me suis reveillée en entendant le chauffeur crier très fort “villa Costanza!!!“ mon arrêt. 

Je me lève et prends mon sac.

Il fait encore nuit noire et j’ai prévu, si j’arrive à temps, d’aller admirer le lever du soleil.

17h43. 

Mon compteur m’indique déjà 25 km. 

Je n’ai plus de jambes. 

Florence, Florence… on me l’avait dit mais le voir de ses propres yeux ce n’est pas la même chose…

J’ai passé des heures à marcher et à dire à haute voix « c’est magnifique ».

19h12.

J’écoute un monsieur qui joue divinement bien de la guitare. Je m’assois et ferme les yeux. 

Romi vient s’assoir à côté de moi. Un monsieur assez âgé. Il me demande naturellement d’où je viens. Il me parle de sa vie qui m’a l’air bien intense ! Acteur un jour, musicien un autre, photographe à ses heures. 

Il me dit que j’ai l’air d’être une personne sensible avec une belle  âme.

Que mes émotions et mon vécu naviguent dans mes yeux. 

Regard très fatigué, ça doit jouer…

 

Je lui dit aimer Florence et il me répond que c’est Florence qui m’aime. Que mes beaux yeux ne peuvent que voir de belle choses.

Il répète souvent « that’s life !!! » 

Romi rigole si fort que je pense que toute la place l’entend ! 

Après avoir parlé une bonne heure avec lui, je le quitte en lui faisant un câlin et au loin, en partant, il me dit avec un grand sourire :

« Be Happy Shannon, life’s to short, be really Happy ! »

Passages du récit de voyage “Première liberté” 

Octobre 2022.

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