Maman change toujours la disposition des meubles à la maison.
Quand je rentre de l'école, le salon devient parfois la salle à manger.
Le canapé est déplacé sous un nouvel angle et les meubles de ma chambre sont inversés avec d'autres.
Je le vois dans ses yeux.
Maman a ce cruel besoin de changement et de renouveau.
De façon très esthétique, tout à sa place.
Ses objets, ses décorations qui n'ont pas grande utilité sont joliment et délicatement placés.
Son encens préféré, ses bougies, ses nouveaux portes couverts.
Souvent achetés les dimanches matins de marché, dans cette boutique qu'elle aime tant.
Comme pour combler son coeur, Maman aime les jolies choses et adore acheter.
Maman pense peut être qu'une belle maison donnera l'impression d'une jolie vie.
Je regarde ces photos et ces détails de cette chère maison lointaine.
Les souvenirs s'estompent.
J'ai oublié ce que c'était de voir maman à la maison, de la croiser dans l'escalier.
Les cris des "À table les enfants ! " à l'autre bout du couloir.
Cette chaleureuse ambiance de famille nombreuse.
Je décortique tous ces détails avec mon appareil photo pour m'en souvenir un peu plus.
Ses fidèles livres, son canapé blanc cassé, ses coquillages à travers la table dans le salon.
Mais aussi cette grande table à manger, devenue vide, inoccupée.
Ses meubles abîmés par de triste souvenirs, qui marquent, qu'on essaye de ne pas voir.
Cette maison à qui j'ai dit au revoir, rapidement, chaotiquement.
Cette maison parfumée de tristesse et de joie qui, dès la porte de l'entrée passé, réchauffe tendrement le coeur.